En mars 2021, un groupe de scientifiques déterminés, d'explorateurs et d'amis de longue date se sont lancés dans une excursion époustouflante. Leur mission : traverser le Canada en réalisant la plus longue traversée Nord-Sud jamais tentée.

7 mois, 234 jours de ski, de canoë et de vélo à travers les territoires des ours polaires, les tempêtes de vent arctiques, les inondations et des journées non-stop alimentées uniquement par la force musculaire et la détermination.

En novembre 2021, l’équipe est revenue à la civilisation, accomplissant son objectif étonnant et réécrivant les idées reçues sur la force et la volonté humaines. Nous avons récemment eu l’occasion de parler avec eux et de raconter leurs expériences.

« Lorsque vous transportez plus de 300 livres d'équipement à travers l'Arctique canadien pendant plus de 150 jours, vous devez faire face aux ours polaires, aux températures de -35 °C, aux blizzards, à la glace rugueuse, aux eaux libres, aux blessures, aux rivières inondées et brisées, à l'équipement brisé, au rationnement alimentaire et à l'adaptation constante de l'itinéraire. »

« Vous jouez un jeu sérieux. Le doute et la peur font partie de votre quotidien. Vous pouvez vous laisser submerger par eux et échouer, ou vous pouvez y faire face, vous ressaisir et continuer à avancer. Cela dépend uniquement de votre capacité d’adaptation et de votre préparation mentale. »

UNE HISTOIRE D'EXPÉDITIONS

La traversée Nord-Sud du Canada n’est pas le premier exploit de ce courageux groupe.

L’équipe AKOR a traversé le nord du Québec et le Labrador à l’été 2018 en réalisant un parcours original et courageux de 1600 km composé de 4 rivières et de 2 océans en 65 jours. En 2014, Jacob Racine, membre d’AKOR, avait traversé le Québec à skis de Montréal à Kuujjuaq. En 131 jours, lui et trois de ses amis ont parcouru plus de 2300 km à travers les étendues froides et enneigées du Nord du Québec.

On peut dire sans se tromper que l’équipe possède une motivation et une passion pour l’exploration sans égal.

Au cours de leur périple à travers le Canada, ils ont passé de nombreuses journées à parcourir la route des ours polaires , une vaste zone du désert arctique fréquemment fréquentée par ces animaux. Sans protection absolue contre les animaux sauvages, les membres de l'équipe se sont retrouvés à lutter contre leur besoin primaire de regagner un endroit sûr. Au lieu de cela, ils ont installé un camp et ont souhaité le meilleur résultat possible.

« Malheureusement, nous avons dû skier sur l’une des populations d’ours polaires les plus denses de la planète. Cela signifie skier sur une autoroute réservée aux ours polaires. Une nuit, quatre ours polaires se faufilaient autour de notre tente. L’un d’eux s’est approché à moins de 10 mètres de nous et il s’en fichait complètement de nos pétards ou de nos fusées éclairantes. Nous n’avions pas d’autre choix que de rester éveillés et d’observer les ours toute la nuit… Après 12 heures de ski à -25 °C, rester éveillé avec vos fusils de chasse calibre 12 pour affronter le plus gros carnivore terrestre de la planète n’est pas une option très intéressante. »

DÉPASSER VOS PEURS

Il est bien connu que l'esprit humain est capable d'un nombre impressionnant de pratiques vitales profondément ancrées dans notre esprit. Au premier abord, ce qui peut sembler insondable peut être débarrassé de ses dangers grâce à notre intuition humaine qui nous permet de nous adapter aux circonstances.

Malheureusement, ces effets peuvent prendre des années, voire des générations, à disparaître. Lorsque vous êtes un étranger qui campe à travers le Nunavut avec rien d'autre que quelques traîneaux et des tentes, vous pouvez facilement laisser ces sentiments prendre le dessus.

« J'aimerais dire qu'au bout de quelques semaines, on s'habitue à ce genre de situation, mais ce n'est pas vrai : la situation s'aggrave. On devient très fatigué mentalement et émotionnellement, et on développe une sorte d'hypervigilance. »

« Mais cette situation est particulière aux ours polaires. Nous avons rencontré des milliers d'oiseaux, de phoques, de caribous et de bœufs musqués sur notre route vers le sud et c'était absolument extraordinaire d'être si près d'animaux aussi magnifiques. »

À LA CONQUÊTE DES VENTS DE L'ARCTIQUE

Outre la faune sauvage, les tempêtes arctiques se révèlent être un ennemi mortel. Ces vents glacials soufflent sur le corps avec une force telle qu'ils vous glacent jusqu'aux os, ce qui peut s'avérer fatal si l'on n'est pas équipé pour y faire face.

En plus de faire chuter la température corporelle, ces vents endommagent souvent la banquise, la brisant et la déplaçant dans différentes directions, rendant la navigation à travers le paysage difficile et dangereuse.

« Le vent est le plus grand danger dans le Nord. Il n’y a pas de solution miracle contre le vent. Il n’y a que de la patience, de la résilience et de l’opportunisme. »

REPAS LYOPHILISÉS ET CORPS CONGELÉS

Comme si les éléments seuls ne suffisaient pas, il convient également de noter que, pendant les sept mois de trek, la lassitude gustative due aux mêmes plats lyophilisés et aux Cheetos a atteint un niveau record. L'équipage a trouvé le salut dans les barres énergétiques Näak Ultra , qu'ils ont consommées trois fois par jour.

Le voyage peut se dérouler de deux façons : comme le rêve d'un aventurier, qui parcourt le Canada sur une route que personne n'a jamais empruntée auparavant. Ou bien, cela peut ressembler à une condamnation à mort. La seule issue est d'appeler à l'aide par radio à des kilomètres de distance et d'espérer que les secours arriveront à temps pour vous éviter de devenir une glace humaine.

Pour l'équipe de l'Expédition AKOR, bien qu'il y ait eu de nombreuses nuits sans sommeil et des matins difficiles pour sortir du sac de couchage et continuer à avancer, tout cela a fini par payer. À nos yeux, toute l'équipe ressort comme des héros canadiens, une véritable inspiration pour la persévérance de l'homme face à la nature, et les personnes les plus gentilles qui soient.

Le pouvoir de la communauté

« La communauté a répondu très positivement à notre expédition, ce qui a été très motivant pour nous. Savoir que beaucoup de gens vous suivent peut paraître stressant à première vue, mais dans notre cas, c'était tout simplement positif. Cela nous a vraiment donné la motivation de nous dépasser. »

« La beauté du Nunavut dépasse les mots, et son caractère pur et sauvage nous étonne. C'était exactement comme nous l'avions rêvé. La nature est très puissante là-bas, et cette énergie vit maintenant au plus profond de nous. Nous sommes très reconnaissants d'avoir vécu un contact aussi intime avec cette terre. »

« L’impossible est une option. Ne laissez personne vous dire que ce dont vous rêvez est impossible. Votre volonté est votre seule véritable limite. »